L'humain: parti intégrante et intégrée de l'environnement...
Texte reçu le 25/09/2022.
Un homme marche dans la neige. Il est peu vêtu. Il ressemble à un bonze. Il évolue au milieu des montagnes sur une crête et entame une descente. Le vent souffle. Il se fraye un passage tant bien que mal à travers les névés et l'agitation de l'air qui le secoue de part et d'autres. Plus il descends et moins le vent l'atteint. La neige se raréfie laissant apparaitre un paysage lunaire de pierrier où le beige foncé domine. Il se rapproche d 'une bâtisse sculpté et creusé dans la roche. Un petit lac le sépare du bâtiment. Il ramasse un sceau parmi la multitude qui se trouvent près du lac. il rempli le seau d'eau et se dirige vers l'entrée de la grande bâtisse de pierres. Une fois à l'intérieur, il ferme la porte en bois derrière lui et le son se coupe net. Le bruit, entremêlé de sifflements de l'air, laisse la place subitement au silence profond de cet endroit retranché dans ce flanc de montagne. Le moine réalise alors qu'il était à la merci du son. Il apprécie, durant un moment, ce retour à lui et la détente de ses tympans. Une grande table en bois est présente au centre d'une grande pièce accueillant habituellement tous les moines qui viennent de loin passer une nuit ou deux. La salle sert également à se restaurer.
Le seau d'eau est placé sur la table. Le moine épluche les légumes présents sur place. Pour l'instant il est seul et ne sait dire si d'autres sont présents ailleurs dans la bâtisse. Il préfère ce retrait dans la solitude le temps que le ciel passe sa colère à l'extérieur. Il se sent à l’abri et apprécie désormais cette barrière de protection qui l'isole de cet extérieur énervé et violent qui pourrait avoir raison de lui.
Plus tard dans la soirée, il est allongé sur un lit d'une petite cellule. Il est dans son intimité et un confort inespéré dans cette partie escarpée de haute montagne. Le voilà en train d'écrire ses mémoires de la journée qui est en train de se clôturer pour lui. Il est isolé et n'a croisé personne. Mais ce refuge est ouvert à tous ceux qui pratique cette route de montagne. Habituellement tenue par plusieurs bonzes, il n'est pas rare que le réfugié se retrouve seul à se débrouiller dans cet endroit. La pierre est froide mais protège. Il se sent tout de même au chaud comme dans les bras forts d'un père et la douceur d'une mère. Il sait que demain il pourra reprendre son chemin, que le plus important est qu'il chérisse cet endroit, le remercie et l'habite du mieux qu'il le peut. Avant d'aller au lit, il se met à genoux près du lit. Il remercie pour tout ce qu'il a vécu durant cette journée en l'énumérant. Il parle à voix haute pour expliquer ce qu'il a tiré comme leçons. Il remercie également le lieu et demande ce qui pourrait être fait pour améliorer l'espace, le rendre plus accueillant ou le renforcer par endroits. Il médite et consigne dans le carnet du lieu, tout ce qu'il perçoit pour que celui qui prendra sa suite puisse être informé de ce qui peut être mis en actions pour enrichir l'endroit. Une copie de ce carnet est emporté par le moine le lendemain pour que le monastère situé dans la vallée puisse être informé et initie les divers travaux. La cohérence du lieu (ou esprit du lieu) est ici intégré dans sa gestion et chaque passant est informé de ces pratiques. Le lendemain, le soleil est radieux. Le moine prend bien soin de nettoyer et informe le lieu qu'il a bien noté les requêtes et qu'il fait le nécessaire pour faire avancer les demandes. Ce lieu est en harmonie avec la nature environnante et sert aux hommes pour permettre de relier des villages séparés de montagnes difficiles à traverser. Le moine parcourt des kilomètres chaque jour pour transmettre des lettres, des messages, ramener des présents ou des aliments parfois à dos d’âne afin de garder vivant certaines zones reculées. Les humains vivants dans ces lieux fermés et rudes y ont leur place. Chacun est intégré dans l'espace mais pour les besoins de la communauté, il est nécessaire que la nature fasse des ajustements pour permettre a ces humains de maintenir leur présence. D'où la création de ces lieux d'accueils. La cohérence de ces lieux (ou esprit du lieu) est en parfait accord avec la présence humaine, et la souhaite. Pourquoi certains humains furent attirés pour s 'installer si loin de toutes civilisations? Ils y ont été invités pour participer au développement de ces espaces. L'humain a sa place sur Terre. Il n'est pas une pièce rapportée et la nature s'adapte pour l'accueillir car les échanges et l'apport de la présence humaine enrichit considérablement ces lieux. Lorsque l'humain est connecté à son environnement, il est respecté autant qu'il respecte ses liens avec tout ce qui peuple ces contrées. L'harmonie peut s'installer et la vie rayonne d'autant plus que l'humain y participe. L'humain est une richesse particulière dans ces zones glacées, arides et à première vue sans richesses pour se développer.
Le moine arrive dans le village en contrebas et s'en va au point relais du monastère qui se situe au centre. Il y dépose son sac chargé de lettres et de petits objets qui seront distribués à la population locale.
Le moine peut se retirer dans ses quartiers proches des jardins du monastère dans lequel sa chambre l'attend. Il peut prendre du temps pour lui et aller travailler dans le jardin commun. Il obtiendra dès le lendemain sa nouvelle assignation. Mais avant tout, il passe au bureau qui consigne les demandes "éléméntaires" de tous les lieux gérés par le monastère. Il y dépose au responsable les demandes de l'esprit du refuge de pierres de la montagne.
C'est le monastère qui est habilité à gérer les relations avec les élémentaux et les esprits des lieux. Certains membres du village sont également en lien avec
leur environnement et vont dans ce bureau spécial du monastère pour y déposer ce qu'ils ont perçus. Certains moines sont en charge d’analyser les requêtes et d'organiser : cérémonies si il y a lieu (pour un espace malade par exemple), réorganisation d'un espace en bougeant objets, meubles ou plantations, construction d' une extension, créer une fontaine, détourner une rivière ou déplacer des arbres,etc...
Les expressions de ces demandes sont diverses et variées. Elles demandent adaptabilité et écoute.
La région, tous les villages qui la composent et toute la vie s'organisent et s'harmonisent ensemble pour faire progresser le vivant dans son ensemble, dont l'humain fait parti et en est indissociable.