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La vie est un long fleuve tranquille ?

Dernière mise à jour : 14 nov. 2022

Une rivière de montagne s’écoule vigoureusement au milieu d’une haute vallée verdoyante. À quelques centaines de mètres de sa rive droite, le flanc d’un sommet enneigé débute sa pente abrupte.

L’eau a des reflets bleutés et se fraye un chemin entre les pierres polies. Sa puissance balaye les galets fragiles qui reposent sur son lit. Elle les oblige à se placer différemment pour se stabiliser et se positionner autrement. Certains sont contraints de trouver un soutien parmi les autres galets pour s’agglomérer et se coincer entre d’autres mieux placés. Ils se « voient pris au piège » d’une pierre plus importante et plus lourde. Du point de vue de cette pierre plus à même de rester stable face à la contrainte de l’eau, elle protège et épaule ce galet plus fragile. L’eau est contrainte par les galets, rochers et autres et ces derniers sont contraints par l’eau. Les pierres et l’eau trouvent leur place pour s’harmoniser ensemble. Ils sont indissociables. Ce qu’est cette eau dépend du terrain dans lequel elle évolue. Sa puissance, sa texture et son contenu dépendent de ces passages contraignants. De son point de vue, elle est contrainte car elle ne peut s’écouler tranquillement à son rythme. Elle est forcée à trouver des alternatives de passage, de se renforcer par endroit et de ralentir par d’autres. Certaines parties d’elle s’agglutinent derrière une barrière rocheuse qui lui laisse peu d’espace. Elle s’ajuste et se réajuste en permanence, car tout est en mouvement. Un galet qui se positionne différemment, car balayé par les eaux, devient une contrainte différente pour l’eau à venir. Le mouvement est permanent et forge la conscience de l’eau et des pierres alentours. Il y a une interdépendance permanente : « un mouvement de vie ». Rien n'est figé. Et les mouvements des uns permettent aux autres un réajustement, un changement de position et donc de regard.


L’eau dont l’environnement est figé, propre, lisse et aseptisé se meurt. Contrôler l’eau en lui imposant une direction, une forme, et un lit sans aspérité, l’amène à la maladie. Des soins et de l’attention doivent lui être prodigués de manière permanente. Elle devient dépendante, car coupée de son environnement. Elle est stabilisée dans un environnement de contraintes définies au préalable, comme pour répondre à un cahier des charges. Cette stabilité lui est imposée pour lui permettre un confort optimale pour elle et pour ceux qui interagissent avec elle. Mais elle, elle trouve la stabilité dans l’instabilité, c’est à dire dans le mouvement permanent. Lorsqu’elle dévale le lit de la rivière de montagne, elle obtient une structure moléculaire, une couleur, une minéralité, et une vitalité qui lui est propre parce qu’elle a du faire face à un environnement qui l’a contrainte, l’a bercée, l’a poussée à changer, à se remettre en question pour trouver d’autres solutions,...:

pour pouvoir obtenir cette qualité d’« être ».


Lorsqu’elle repose dans une piscine ou un canal, elle se dévitalise et croupit. La vitalité la quitte. C’est la même chose qui se passe dans le courant de la vie de « chaque un » (chacun) ou dans le corps physique. Lorsque je me crée un environnement stable pour éviter les contraintes le plus possible, je m’isole. Je m’isole de l’autre et de la vie. L’eau dans mon corps stagne par endroit et croupit. Le corps se charge de toxines qu’il ne peut plus évacuer par endroit et la flore prolifère. Des dérèglements se créent et des soins extérieurs sont nécessaires pour maintenir l’état stable que je m’impose. La maladie s’installe par manque de vitalité. L’eau est dévitalisée par manque de mouvement : mouvement physique, mouvement énergétique, relationnel, mental, et finalement mouvement de tout ce qui constitue la vie de chacun.


Les contraintes que me pose la présence ou la parole de l’autre sont là pour « me faire bouger ».


L’autre me met en mouvement par ses désaccords, son positionnement que je n’aime pas, sa façon de me parler,etc.... Il m’oblige à me regarder et à changer mon regard sur lui et mon environnement. Là je m’enrichis tout comme cette eau qui s’enrichit de chaque choc contre un galet. Chaque galet la contraint à s’adapter et s’ajuster pour pouvoir être en lien et « vivre » avec la présence de cette pierre ou de cet « autre ».


Ma santé est le reflet de mon « état d’être ».

Le « terrain » proche du torrent de montagne se charge de vie. L’herbe est verte, la terre est marron foncée. S’éloignant de la rive gauche du torrent, quelques arbres sont présent. Ils sont robustes. Leurs feuillages est imposant. Les feuilles sont chargées en chlorophylle, sont résistantes et nourries de sève. Cette arbre a une écorce solide et malgré la distance, il est en interaction avec l’eau qui s’écoule. Le torrent est proche et loin à la fois. Il émane de cette eau une présence qui charge et nourrit l’environnement à plusieurs centaines de mètres de distance. L’arbre le ressent et est en connection (vivante) avec le torrent. Le torrent vit, vibre, et donc rayonne. L’arbre peut ressentir le lien et se nourrir des échanges avec ce torrent tout comme ce dernier se nourrit des échanges avec cet arbre. Ceci se peut car il y a de la vie dans ce torrent.


Plus quelqu’un est vivant et plus il est en lien avec son environnement et plus il est en lien avec son environnement et plus il peut rayonner, enrichir et s’enrichir de son extérieur. L’environnement qui est évoqué dans ce texte n’est pas la nature mais tout ce qui compose l’extérieur de chacun avec lequel « chacun » interagit dans son quotidien.

L’arbre est beau et fort et devient de plus en plus « vivant ». Il devient « vital » (au sens de vie), c’est à dire source de vie pour son extérieur.

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